Lorsque l’Abbé Diamacoune Senghor et Mamadou Krouma Sané relancent le MFDC en 1982, ils portent des revendications politiques pour demander l’indépendance de la Casamance. Au lieu de traiter le problème politiquement, le gouvernement sénégalais traite les sécessionnistes comme des hors la loi, des voyous contre qui l’État entre en guerre.

La situation se détériore crescendo sans geste d’apaisement d’aucune des parties. Il faudra attendre 1999 et la visite officielle du président de la république sénégalaise d’alors, Abdou Diouf, pour entrevoir un signe d’espoir. Il s’était déplacé en Casamance avec la volonté affirmée de dialoguer avec le chef historique et leader du MFDC, Diamacoune Senghor.

Suite à ce geste historique, que l’idée de l’association est née de discussions entre trois amis d’enfance, étudiants originaires de la région qui cherchaient une solution durable au conflit qui ravageait leur chère région. L’un était étudiant en commerce international, un autre en sociologie à Perpignan et l’autre en Lettres. Les trois amis n’étaient pas débutants dans le militantisme puisqu’ils faisaient partie du mouvement d’initiative pour la paix en 1995-96 et ont aussi milité durant leur cursus scolaire dans les foyers socioculturels collégiens de la région.

Profitant de cette expérience et de cette reconnaissance, les trois camarades lancent l’association SOS CASAMANCE le 22 janvier 1999. L’un des objectifs affirmés était d’exiger l’arrêt des hostilités et la prise en compte des avis des habitants de la région.

Afin d’avoir une assise conséquente, il fallait bénéficier d’une reconnaissance des deux parties en conflits : le gouvernement sénégalais et le MFDC. Pour ce faire, les membres fondateurs de l’association vont choisir un nom consensuel mais fort pour attirer l’attention de tous ; là est véritablement née SOS CASAMANCE.

Dès lors, ils vont écrire au président Abdou Diouf afin de saluer son geste et affirmer leur soutien dans la perspective de la discussion en vue de la paix. Dans la missive, ils vont aussi présenter la nouvelle association qui souhaite l’accompagner dans une dynamique de pardon, d’aide aux victimes du conflit et de mise en place d’un programme d’aide durable aux populations…

La présidence de la république a accepté l’initiative tout en saluant l’engagement et le patriotisme qui a motivé la création d’une telle association dans un tel contexte.

Cette convergence des visions et des intérêts avec l’association a permis une reconnaissance officielle au niveau national et international, mais aussi par les deux protagonistes en conflit. Cela représentait un enjeu important aux yeux de l’élite casamançaise. Cette reconnaissance est à double tranchant puisqu’il est devenu difficile pour l’association de se mouvoir aisément dans le pays. En effet, elle est ciblée par des rumeurs d’alliances créés par les partisans des deux fronts en guerre.

Nos actions en Casamance

Zoom sur le problème des déplacés et des réfugiés

Malgré l’absence de médiatisation sur la situation en Casamance par les mainstreams, elle reste toujours instable même si elle a connu une forte accalmie par rapport au début du conflit.

Cette situation est comparable à celle suite au passage d’un ouragan ; comme peut en témoigner M. Amadou Sylla, président de l’association

 Notre environnement a été complètement agressé, pollué, il a été confisqué par les forces en conflit qui ne nous ont pas demandé notre avis pour savoir si c’était quelque chose qu’on souhaitait… on a mis les casamançais contre les casamançais, les populations contre les populations, les ethnies contre certaines ethnies… on a voulu tout mélanger dans ce conflit. Finalement, on ne savait plus qui travaillait pour qui – qui était qui – ni à qui on parlait ; alors qu’on était tous des voisins… des frères, des sœurs.

La force s’imposait à tout le monde et encore maintenant. Les gens ont été témoins de scènes violentes comme des exfiltrations, des enlèvements nocturnes ou des assassinats ciblés.

La peur s’est généralisée dans toute la région de la Casamance et même au-delà ; peur que l’armée régulière ou le MFDC exercent des violences sur ceux qui oseraient s’exprimer sur le sujet. Dans un tel décor, chacun restait prudent, personne ne souhaite prendre de risques.

Des milliers de personnes ont été obligées de quitter leurs foyers ou leurs villages à cause des combats qui risquaient de les atteindre. Beaucoup de terres autour des habitations sont infestées de mines antipersonnel qui provoquent des pertes (l’arrachage) de membres sans distinctions entre les personnes…

Pour toutes ces raisons, il faut absolument conclure ce conflit.

Nous constatons malheureusement, aujourd’hui,l’existence des foyers de réfugiés dans les pays limitrophes (Gambie et Guinée Bissau) , également des villages minés en Casamance.